Résidence artistique à Gordes.
À Gordes, les pierres ne s’additionnent pas : elles s’empilent, se répondent, se taisent ou s’ouvrent, selon la lumière. L’architecture semble émerger du sol, prise dans la roche elle-même. Ce paysage construit, profondément minéral, m’a imposé une autre manière de regarder. Durant cette résidence, j’ai photographié ce qui résiste, ce qui s’efface, ce qui se bouche ou se révèle. Des encadrements de portes murées, des seuils sans ouverture, des parois poreuses, marquent un rythme graphique et presque musical : un motif de pleins et de vides. Mon approche mêle image et matière. Certaines photographies sont gravées dans le papier comme une empreinte laissée par le temps ; d’autres sont découpées, évidées, laissant apparaître l’absence comme forme. Je joue avec les formats, les textures, la lumière. J’assemble, j’interprète, je crée des fragments de récits.
« L’effet du temps donne l’impression que les amoncellement de pierre, les éléments naturels et les éléments sculptés se confondent et créent une rythmique étonnante. La lumière du lieu donne une dimension très graphique et met en avant les formes et les contres formes.
Parfois certaines architectures m’interpellent, des éléments disproportionnés entre eux coexistent et questionnent. La nature reprends par endroit son territoire, parfois le territoire est lui même définît par l’intervention humaine.
Je me découvre une certaine observation autour des encadrements de portes et des ouvertures rebouchées. Les pierres positionnées de façon à accueillir des fenêtres ou portes ont été rebouchées par des pierres amoncelées horizontalement, là aussi graphiquement c’est très intéressant. »
Ce projet n’est pas une documentation. C’est un travail d’interprétation. Une exploration de ce qui se trame entre la pierre et l’instant, entre ce que l’on voit et ce que l’on ressent. Une tentative de donner forme au lien invisible entre l’architecture, le paysage et la mémoire.